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Les abeilles et le cognassier
C’est une observation remplie de vie, une ode à la nature ,une représentation théâtrale entre un cognassier du Japon en fleurs et les abeilles .
L’hiver a endormi toute la vie végétative, les bourgeons des fleurs sont encore engourdis. Les essaims d’abeilles ont déployé toute leur science et leur solidarité pour contourner cette épreuve de froideur et de tarissement des réserves . Au-delà de leur adaptation aux conditions hivernales, les pesticides jouent un rôle destructeur en ne s’inscrivant pas dans une logique de bien être et de survie. Les fleurs champêtres sont harcelées, on ne tolère plus leur présence, le fauchage et les défoliants mènent un concert où seule la sonate pour piano n°2 de Frédéric Chopin peut prendre place !
Et pourtant, le ballet discret de nos avettes doit nous émerveiller. La fleur du cognassier ouvre sa corolle en lançant ses salves de parfum aux senteurs sauvages. Les abeilles aux yeux à facettes et à triple foyers découvrent un paradis de lumière afin d’unir dans un même élan, récolte et fécondation.
Leurs pattes fragiles et légères caressent et glissent sur ce tapis floral nouvellement brodé et scintillant de mille éclats .
C’est un ballet aérien rythmé par les offrandes cadencées du précieux liquide aux saveurs sucrées au goût du terroir. Les insectes se croisent en vol sans jamais se heurter, on a même l’impression d’assister a un cours d’élégance, de courtoisie et de savoir vivre. Certains font une étape sur ces têtes couronnées et dans un geste précis, peignent et déposent dans leur corbeille la précieuse semence. Leur envol est délicat car les pelotes arrimées à leurs pattes ressemblent à des valises de lest, précieux fardeau nourricier, qui sera remis à d’autres abeilles pour l’entreposer à des endroits bien précis et proche de la nurserie.
De temps en temps, des phénomènes étranges apparaissent, l’attraction physique est si intense sur la scène florale que nous pourrions l’appeler "le coup de foudre". Quel spectacle de voir tous ces pollinisateurs, virevolter en opposition ou en attraction au gré des champs électriques induits. Cette forme imagée pourrait être traduite par une allégorie, mais une rencontre électrique est bien au rendez-vous car des poussières de pollen à peine perceptibles s’échappent selon des axes orientés pour recouvrir les poils des insectes, puis retombent et flottent un instant.
Ce moment musical, symphonie pastorale créé par leur vol à peine perceptible, berce nos tympans, c’est une partition qui ne s’écrit pas !
Je réalise l’existence d’un foisonnement d’interactions millénaires, animées par une énergie où les rayons du soleil sont le moteur de toutes ces sources de vie. L’ombre de la végétation ne trouble pas cette atmosphère, car la lumière s’infiltre dans tous les recoins, arrosant avec beaucoup de précisions et d’attention la moindre surface involontairement éclairée ou retardée.
Marcel Bégué
Hors ligne